Mes dernières volontés
Le jour où je partirai
et qu'il ne restera que ma carcasse
brûlez-la et recueillez les cendres
Mettez-les dans un sac d'épicerie
(en papier kraft, je n'aime pas le plastique)
et louez un salon de thé
Placez le sac sur un guéridon
au milieu du salon
et invitez mes amis
à venir danser autour
En buvant et se moquant de mes travers
en récitant des vers
et en bramant des chansons grivoises
Puis, rangez le sac dans l'armoire à débarras
et demandez à ma femme
si elle veut m'y rejoindre
lorsque son heure sera venue
Si elle veut bien,
quand viendra le temps
placez son sac à côté du mien
bien collés l'un sur l'autre
Alors, au printemps suivant,
versez les sacs l'un dans l'autre
sauf une pincée de nos cendres
que vous conserverez
dans deux petits pots séparés
Par un matin de grand soleil
apportez une pelle ronde
et recherchez un champ de pissenlits
Brassez le sac vigoureusement
pour bien mêler les cendres
puis versez-les dans la pelle
Et, d'un seul grand mouvement circulaire
projetez-les tout autour de vous
C'est ainsi que nous continuerons
à voir rouler les nuages
et scintiller les étoiles
tout en ventilant nos âmes
Mais ce n'est pas tout
au milieu des cendres ainsi répandues
creusez deux petits trous rapprochés
Versez dans chacun des petits pots
(ceux des pincées, vous vous souvenez,)
une graine, une seule
de coquelicot rouge pour moi
de marguerite blanche pour ma femme
Brassez un peu pour bien mêler
les graines aux cendres,
versez séparément
dans les deux petits trous
et recouvrez de terre
Puis arrosez un peu
une larme suffirait
à tenir lieu d'engrais
Telle que je connais ma femme
la marguerite en poussant
viendra se lover autour du coquelicot.
Et je signe, devant témoins,
Québec, le 1er novembre 2009
Jean Marcoux
dimanche 1 novembre 2009
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