mercredi 13 juillet 2011

Le bestiaire de la Voie lactée

Touristes de l’Univers – Chapitre 11

Le lendemain matin, nous avons pris un joyeux petit déjeuner sur l’immense galerie baignée de soleil de La petite Madeleine. Puis, avant de partir, nous sommes encore restés un long moment sur notre perchoir en admirant au loin le fleuve (qu’on appelle là-bas «la mer» tant il est large à cette hauteur) scintillant sous nos yeux dans son cadre de montagnes bossues densément peuplées de conifères et de feuillus.


Puis, soudain, rompant le silence, Minouchka me lança :
- Tu nous as dit, n’est-ce pas, que les étoiles de la Voie lactée étaient en quelque sorte d’autres soleils et que ce n’était qu’à cause de leur distance qu’elles ne nous paraissaient que comme de petites loupiotes ?
- Oui, c’est bien ça.
- Est-ce à dire que toutes les étoiles de la Voie lactée ressemblent au soleil ?
- Non, pas du tout. Les étoiles sont aussi différentes les unes des autres que le sont les êtres vivants sur la terre. Laissez-moi vous dire un mot de quelques-unes de ces lucioles qui crèvent la nuit noire.
Parmi les étoiles que compte la Voie lactée, il y a, entre autres:
- des étoiles de type solaire qui sont des étoiles ayant à peu près la taille (un à deux millions kms de diamètre) et la brillance du soleil. Ces étoiles brûlent leur carburant (principalement hydrogène et hélium) modérément et survivent quelques milliards d’années (environ dix milliards dans le cas du soleil). «Modérément» est une façon de parler car le soleil brûle ses réserves à raison de 4,3 millions de tonnes par seconde dans une pétarade de grondements terrifiants. Néanmoins, compte tenu de leurs immenses réserves de carburants, ces étoiles tiendront le coup pendant une dizaine de milliards d’années. Ainsi on peut dire que le soleil est à la mi-temps de sa vie comme nous l’avons vu précédemment ;
- des étoiles géantes qui, pour leur part, ont un diamètre pouvant atteindre 100 millions de kms. Mais ces géantes brûlent goulûment leurs réserves de carburants de sorte qu’elles ont une vie relativement courte d’à peine quelques millions d’années qui se termine dans une apothéose de bruit et de lumière. Ces géantes ont quand même réussi, durant leur «courte» vie à fabriquer tous les éléments lourds qui constituent l’ensemble de la matière de l’Univers, y compris vous et moi. Lors de leur explosion finale, (on les appelle alors des supernovae) elles projettent dans l’espace tous les éléments qu’elles ont fabriqués durant leur existence et ensemencent ainsi l’Univers pour y permettre l’émergence des multiples formes de la matière inerte et même, éventuellement, de la vie et de la conscience ;
- des étoiles de masse et de brillance bien inférieures à celles du soleil et qui brûlent parcimonieusement leurs réserves de carburant pour survivre bien au-delà des dix milliards d’années du soleil ;
- des géantes rouges dont le diamètre peut atteindre un milliard de kms, donc 500 à 1000 fois le diamètre des étoiles solaires. Par contre, la durée de vie des géantes n’est que de 100 millions d’années alors que celle des étoiles solaires est d'environ 10 milliards d’années. Il faut dire que les géantes rouges sont des étoiles en fin de vie. C’est le sort qui attend le soleil qui enflera démesurément avant de s’éteindre ;
- des étoiles à neutrons ou pulsars qui sont les cadavres des étoiles géantes. Petit diamètre de 20 kms mais si compactes qu’une cuillerée de leur matière pèserait des tonnes. Elles pirouettent à grande vitesse tout en émettant des signaux lumineux comme des phares (elles «pulsent» d’où leur nom de «pulsars») ;
- des naines blanches qui sont les cendres des étoiles stellaires ;
- des naines brunes qui sont des étoiles ratées, de faible luminosité ;
Etc., etc.



- Es-tu en train d’oublier les planètes qui, elles aussi, nous envoient de la lumière, intervint Simon ?
- Oui, bien sûr. Mais, contrairement aux étoiles, les planètes tiennent leur luminosité uniquement des étoiles autour desquelles elles gravitent. Le soleil, on le sait, traîne dans sa course huit planètes, incluant la terre. Mais les autres étoiles de la Voie lactée ont aussi leur cortège de planètes qu’on appelle exoplanètes car elles évoluent à l’extérieur du système solaire. Mais il n’est pas facile de les voir car leurs éblouissantes étoiles les voilent à notre vue. On devine leur présence par l’influence qu’elles exercent sur leurs étoiles dont elles perturbent le mouvement par leur force de gravitation. Par exemple, on sait très bien que le soleil influence le mouvement de rotation de la terre et de ses sept autres planètes. Mais, inversement, la terre et ces sept autres planètes influencent aussi, bien qu’à un moindre degré, la course du soleil. Plus que ça, trois chercheurs de l’université Laval de Québec ont récemment réussi à mettre au point un procédé pour voiler la lumière des étoiles et permettre de «voir» véritablement ces exoplanètes. La nouvelle a fait le tour du monde. Depuis quelque temps, la course à ces exoplanètes est très en vedette. On comprend l’intérêt : depuis qu’on a abandonné l’espoir d’entrer en communication avec les petits hommes verts de la planète Mars, c’est du côté de ces planètes que pourraient nous venir les messages des E.T. de l’Univers. Aux U.S.A., on a mis sur pied un important programme de détection des intelligences extra-terrestres. C’est le programme SETI (Search for extraterrestrial intelligence). Le soir, avant de vous coucher, faites donc comme moi : jetez donc un œil vers le ciel. On ne sait jamais...


Cette fois, c’est ma chère Jeannette qui intervint :
- Il y a aussi bien d’autres objets lumineux qui sillonnent le ciel.
- Bien oui, il y a les satellites ou, si l’on veut, les lunes, qui gravitent autour des autres planètes du système solaire. La Terre n’en a qu’une mais certaines planètes en ont plusieurs : ainsi Saturne compte 53 lunes, Jupiter 63. C’est d’ailleurs la découverte des satellites de Jupiter qui fit dire à Galilée qu’il était faux de prétendre que tous les astres tournaient autour de la Terre.
Puis il y a les comètes qui viennent de temps à autre sillonner nos nuits. Ces astres spectaculaires sont en fait des boules de glace et de poussière qui traînent derrière elles de longues queues lumineuses qui peuvent s'étendre sur 30 à 80 millions de kilomètres et sont formées par la fonte de la glace sous l’effet des rayons solaires.
Sans oublier les météores, communément appelées «étoiles filantes», qui constituent une population de corps rocailleux venus de l’espace et qui, au contact de l’atmosphère terrestre, prennent feu et se désintègrent avant de toucher terre. On connaît particulièrement cette pluie de météores appelés les Perséides que l’on peut admirer chaque année, durant la deuxième semaine du mois d’août et qui atteint son paroxysme habituellement entre le 11 et le 13 août, quand la terre traverse l’essaim des débris de la vieille comète Swift-Tuttle.
Heureusement que l’atmosphère nous sert de bouclier car, chaque jour, notre planète est bombardée par 300 tonnes de pierres et de poussières venues de l’espace. Nous ne sommes pas pour autant à l’abri de toute collision avec des astéroïdes, ces corps rocailleux qui circulent entre les planètes et fendent l’espace à des dizaines de kilomètres par seconde. Il en existe au moins 300 dont le diamètre est supérieur à 150 mètres et qui constituent un réel danger d’impact avec la Terre. Abraracourcix avait donc bien raison de craindre que le ciel nous tombe sur la tête. C’est déjà arrivé au temps des dinosaures où un énorme astéroïde a détruit presque toute vie sur terre.

- Ces étoiles, planètes, satellites, météores dont tu nous parles sont tous des objets que l’on peut voir même à l’œil nu, intervint alors Minouchka, mais n’existe-t-il pas une pléiade d’autres corps célestes qui échappent à notre vue ?
- Mon Dieu, oui. Une multitude. On dit que nous ne percevons, même avec tous nos instruments de détection, que 0,5% de toute la matière de l’Univers. Un demi de 1%, te rends-tu compte ? Tout le reste est invisible. Mais ceci est un sujet que nous aborderons une autre fois. L’Univers n’a pas fini ses cachoteries.

Nous nous sommes, ce matin-là, longuement fait rôtir au soleil avant de reprendre la route.




La Petite Madeleine