mercredi 16 décembre 2009

Le cadeau de Noël

Dans la nuit du 4 au 5 décembre dernier, Dieu est venu me rendre visite. Dieu le Père, j’entends. Ce n’est pas nouveau, Il fait ça chaque année. Pas vous?
Je ne peux pas dire que je Le vois vraiment, non, je dirais plutôt que je Le sens. Un peu comme Moïse et le buisson ardent. Il a d’ailleurs voulu une fois me faire ce coup du buisson ardent mais Il y a renoncé lorsqu’Il a compris ma réticence. Je ne voulais quand même pas qu’Il boute le feu à la maison.

Comme je vous disais, Il ne m’apparaît pas en chair et en os. D’ailleurs, nous le savons tous, Il n’a ni chair ni os, ce qui, entre nous, est bien pratique car Il n’a jamais de problème d’ostéoporose.

Ce n’est donc, que Sa présence que je ressens. Je dirais même où : dans le rocking chair de ma femme, là tout près de moi étendu dans mon lazy boy où je passe mes nuits. Il est là qui me regarde, paisible comme seul Dieu peut l’être. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’Il fume une pipe et sirote un brandy. Non, Il se contente de me parler. Pas besoin d’appareil auditif pour Le comprendre : Il parle, comment dirais-je, en-dedans de moi.

Il vient, me dit-il, m’apporter mon cadeau de Noël. J’apprécie Son geste, surtout depuis que je ne crois plus au Père Noël. Mais je reste sur mes gardes car ce sont parfois de dangereux cadeaux, comme la fois où Il m’a proposé de me révéler le jour et l’heure de ma mort ou de m’offrir un coup d’œil sur l’Apocalypse ou un retour en arrière de quelques soixante millions d'années pour une excursion sur un sentier de tyrannosaures ou, encore pire, un retour de George W. Bush à la présidence des États-Unis.
Je Lui ai demandé pourquoi Il venait si tôt cette année. Il m’a répondu qu’Il était très occupé à accueillir toutes les victimes de la grippe A (H1N1) et qu’Il profitait d’un petit répit avant un deuxième assaut de cette grippe, pour visiter quelques mortels.

«Alors, voilà, a-t-Il ajouté, le cadeau que je te propose cette année : choisis une personne, de par le vaste monde, une personne vraiment en danger de mort, et je te la sauve d’un claquement des doigts.
- Avez-vous vraiment le pouvoir de faire une telle chose ? Lui ai-je répliqué étourdiment.

Il m’a jeté un coup d’œil condescendant avant de me lancer «Tu n’es jamais vraiment allé à Lourdes, n’est-ce pas, ni même à l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal ?

- Non, mais ce n’est pas Vous qui avez fait ces miracles, c’est la Vierge Marie et le Frère André.

- Mais d’où penses-tu donc qu’ils tiennent leurs pouvoirs ces deux là ? Et, toi-même, qui donc penses-tu t’a mis sur la terre ?

J’ai failli Lui répondre qu’Il devrait en toucher un mot à ma mère qui est sûrement assise là-haut, pas loin à sa droite, mais je n’ai pas répliqué car j’ai senti la colère poindre dans Sa voix.

Après un long moment de silence, Il m’a demandé sévèrement :

«Alors, tu le veux ou non ce cadeau que je t’ai apporté ?

-Oui, Seigneur, oh oui, je le veux.

-Ne m’appelle pas «Seigneur», c’est mon Fils qu’on appelle comme ça. Appelle-moi «Dieu Tout-Puissant», je m’en contenterai.

- Pardonnez-moi. Oui, Dieu Tout-Puissant, oui je le veux ce cadeau.

- Alors, nomme-moi la personne que je sauverai. Tu as une minute, je suis pressé par tous ceux qui m’attendent.

Spontanément, m’est venue en tête le nom d’un merveilleux ami à nous qui se meurt mais, avant même que j’aie pu prononcer son nom, Il m’a arrêté d’un geste de la main signifiant que je devrais bien réfléchir.

Et alors, Il a fait défiler devant mes yeux des images d’enfants du Soudan en train de mourir de faim, puis des prisonniers afghans que des talibans torturent jusqu’à leur dernier souffle, puis cette Pakistanaise qu’on est en train de lapider, puis ce petit bonhomme des favélas du Brésil poursuivi par une brigade de la mort, puis cette femme désespérée qui s’apprête à tuer ses enfants avant de se suicider, puis…

Quand j’ai ouvert mes yeux hésitants, il était trop tard. Il était parti.

Ça fait rien, je l’aurai quand même mon cadeau de Noël : ma femme m’a promis des pantoufles.

Mais une chose est sure : si le Bon Dieu décide de prendre sa retraite, je ne postulerai pas l’emploi. Les décisions sont trop dures à prendre.




mardi 1 décembre 2009

Rattacher les fils

Mes ancrages - Capsule No 6

Depuis le temps que j’ai entrepris de vous entretenir de cette rubrique que j’ai intitulée «Mes ancrages», permettez-moi aujourd’hui de rattacher tous les fils et de mettre un point final à ce chapitre. Après, je ne vous en reparlerai plus, promis ! Pour plus de détails, on peut se référer aux cinq blogues que j’ai publiés précédemment sous la rubrique «Mes ancrages».
Comme je l’ai déjà dit, j’ai entrepris cette rubrique pour bien démarquer combien ma conception des choses était différente des conceptions dépassées qu’entretiennent encore de nos jours les intégristes de tous acabits comme les islamistes défenseurs de la charia ou les Juifs ultra-orthodoxes qui prêchent la Torah ou les chrétiens attardés qui s’accrochent à leur Crédo et ne jurent que par une interprétation littérale de la Bible, ou tous les Raël de ce monde qui nous racontent des bobards pour se remplir les poches…pour ne mentionner que ceux-là.

En résumé, je crois que depuis que Galilée, Darwin et tous leurs successeurs nous ont ouvert les yeux sur la réalité des choses, ils ont opéré une véritable révolution culturelle et nous ont apporté l’immense bonheur de nous dégager des conceptions ancestrales dans lesquelles l’homme était figé depuis des siècles.
Sans prétendre que nous avons maintenant à portée de main La Vérité et que nous pouvons désormais débusquer tous les mystères de l’Univers et de notre présence dans cet Univers, nous pouvons à tout le moins écarter un sacré paquet d’idées toutes faites et lever de petits coins du voile sur ces innombrables, et bien souvent insondables, mystères de cet Univers dans lequel nous baignons.
Permettez-moi de résumer encore une fois les sujets qui ont fait l’objet de «Mes ancrages» (et qui reflètent du mieux que je peux ce que les scientifiques nous disent généralement aujourd’hui) :
- l’Univers est d’une immensité absolument inimaginable;

- la terre n’est pas le centre de l’Univers. Elle n’est qu’un tout petit astre qui pirouette, avec sept autres planètes, autour de son étoile, le soleil;

- le soleil et ses planètes font partie d’un immense troupeau (qu’on appelle galaxie) de quelques deux cents milliards d’étoiles. On appelle notre galaxie la «Voie lactée»;
- la Voie lactée est si immense que si nous pouvions voyager à la vitesse de la lumière (300 000 kilomètres à la seconde), il nous faudrait 90 000 ans pour la traverser de bout en bout;

- et ce n’est pas tout : l’Univers compte au-delà de cent milliards de galaxies, elles-mêmes constituées de centaines de milliards d’étoiles et de planètes;

- notre Univers serait né il y a un peu plus de 14 milliards d’années;

- cette naissance se serait faite lors de ce qu’on appelle le «Big Bang», une formidable explosion qui aurait donné naissance à la matière;

- la matière, qui à l’origine n’était qu’une vaste soupe informe de particules se débattant furieusement, se serait peu à peu organisée, après des millions d’années, pour créer des étoiles et des planètes;

- c’est ainsi qu’il y a 4,5 milliards d’années est né le soleil alors que la Terre, pour sa part, est vieille de 3,8 milliards d’années;

- la vie a commencé à se manifester discrètement sur la Terre il y a 3 milliards d’années sous forme de bactéries et d’êtres unicellulaires;

- la vie animale a surgi il y a environ 500 millions d’années;

- l’homme moderne, pour sa part, est vraiment un nouveau venu dans l’histoire de l’Univers : il est apparu il y a quelque 200 000 ans.

Ce sont là les fondements de ce que j’appelle mes ancrages. De ces fondements, je tire la conclusion que, avec le développement de son intelligence et de ses connaissances, l’homme est maintenant en mesure de comprendre:
-l’immensité de l’Univers dans lequel il est plongé et de prendre conscience des mystères insondables que recèle cet Univers;
- que l’homme est composé d’atomes forgés au cœur des étoiles, comme du reste toute la matière de l’Univers, et que son arbre généalogique ne remonte pas seulement aux primates mais qu’il est véritablement un descendant d’étoiles ;
- qu’il ne peut plus voir L’Univers comme on regarde les poissons rouges évoluant dans leur bocal mais qu’il est lui-même en train de nager dans ce bocal;
- que parmi les milliards d’autres planètes qui peuplent l’Univers, il y en a vraisemblablement d’autres habitées par des êtres intelligents ou peut-être même par des civilisations entières plus évoluées que la nôtre ;
- que l’homme est, comme tous les êtres et les choses qui peuplent l’Univers, en processus d’évolution et qu’il est appelé à disparaître comme toutes les choses et toutes les espèces;
- qu’il faut dès lors admettre que nous passons dans la vie comme de brefs éclairs qui disparaîtront à jamais et verront leurs atomes s’éparpiller dans l’Univers;
- que les religions sont des inventions humaines pour soulager l’angoisse de l’homme devant les mystères de l’Univers et sa propre disparition;
- que l’évolution permettra sans doute à l’homme de lever de plus en plus de voiles sur les mystères de l’Univers mais qu’il ne comprendra peut-être jamais le mystère de la naissance de l’Univers et de son apparition dans cet Univers;
- que d’imaginer qu’un Être suprême a tout déclenché n’est peut-être qu’une illusion;
- et, finalement, qu’il me paraît impossible de réconcilier l’immensité de l’Univers avec les conceptions lilliputiennes que nous proposent les religions. C’est une opération aussi futile que de tenter d’enfouir un milliard d’éléphants dans un dé à coudre.
Pour conclure, je dirai que je me sens extrêmement privilégié de vivre dans un moment de l’histoire de l’homme où celui-ci, grâce aux progrès de la science, a levé de nombreux voiles sur les mystères de son Univers.
Je clos ainsi cette rubrique intitulée «Mes ancrages» et, comme je l’ai promis, je ne reviendrai jamais plus sur le sujet de peur de vous lasser.
Le problème c’est que je ne tiens pas toujours mes promesses.