dimanche 22 août 2010

Capsule de physique No 2

Plongée au coeur de la matière

Le 23 juillet, nous avons vu que la matière est constituée d’atomes qui sont les pièces d’un immense meccano que l’on peut combiner de diverses façons pour fabriquer tantôt une maison, tantôt un cheval et tantôt nous-mêmes. Nous avons aussi vu que l’atome comporte un noyau composé de protons et de neutrons et autour duquel tournoient des électrons. Dès lors, nous nous sommes demandé si nous étions enfin arrivés à l’ultime réalité des choses, aux plus petites particules imaginables.

Eh bien, non : protons et neutrons sont eux-mêmes composés de quarks ! Ici, nous voilà parvenus dans le très, très petit. Ne pourrait-on pas en rester là ?

Les physiciens sont des gens extrêmement curieux et fouineurs, vous savez. Comme tous les scientifiques du reste. Alors ils ont «patenté» un immense machin pour gratter encore plus creux dans le cœur de la matière. Ils ont installé leur nouveau jouet dans un tunnel de 27 kilomètres de circonférence logé à 100 mètres sous terre et chevauchant la frontière entre la France et la Suisse. Il s’agit d’un collisionneur de particules baptisé le LHC (Large Hadron Collider).

Ils ont entrepris de projeter dans ce collisionneur des protons qu’ils accéléreront graduellement jusqu’à des vitesses proches de celle de la lumière (on se souvient que la lumière circule à 300 000km par seconde). Leur but est de faire entrer en collision ces petites particules pour les faire éclater et, possiblement, faire ainsi surgir des particules encore plus petites et totalement inconnues.

Ils espèrent du même coup éclaircir d’autres mystères, particulièrement recréer des conditions semblables à celles qui prévalaient au moment du Big Bang et découvrir la nature de la matière noire (qui, avec l’énergie noire, compte pour 96% du contenu de l’univers dont nous ignorons totalement la nature). Ce ne seraient pas de minces coups d’éclat.

Pour des images de ce nouveau jouet, il suffit de se rendre sur Internet et de «pitonner» le mot LHC.

Les résultats qu’on obtiendra du LHC, si extraordinaires puissent-ils être, constitueront-ils le fin du fin des mystères de notre Univers ? Rien n’est aussi peu sûr car les scientifiques nous disent que plus on creuse dans le cœur de notre Univers, plus le mystère s’épaissit.

En avant-goût de notre prochaine capsule, rappelons les mots de l’astrophysicien James Jean qui disait que notre Univers ressemble plus parfois à une grande pensée qu’à une grande machine.

mercredi 11 août 2010

Dites-moi

Dites-moi pourquoi l’on vit, dites-moi pourquoi l’on meurt…

Pourquoi ce jeune homme qui, dans un frisson d’effroi, sent la folie s’emparer de son esprit ?

Pourquoi cette jeune femme qui crie sa révolte devant une mort inéluctable alors que la vie s’ouvrait toute grande devant elle ?

Pourquoi ce vieux prêtre doit-il encore prêcher des choses et poser des gestes auxquels il ne croit plus car il ne sait rien faire d’autre ?

Pourquoi cette mère soudanaise amaigrie, au sein aussi sec que ses yeux, voit-elle son enfant mourir de faim dans ses bras ?

Pourquoi cet itinérant allongé dans un lit de misère se demande-t-il encore s’il trouvera un jour une raison de vivre ?

Pourquoi cette mère guépard regarde-t-elle de loin en geignant le tigre qui dévore ses petits ?

Pourquoi ce soldat doit-il faire feu sur d’autres hommes qui, peut-être comme lui, ont des bambins qui les attendent à la maison ?

Pourquoi des embarcations de fortune sombrent-elles en mer entraînant dans la mort des réfugiés aux yeux pleins d’espoir ?

Pourquoi ce vieux lion épuisé s’effondre-t-il dans la savane tandis qu’une meute d’hyènes affamées s’avance prudemment ?

Pourquoi ce malheureux passe-t-il de longues années en prison pour une stupide bêtise ?

Pourquoi ces enfants soldats sont-ils entraînés à tuer ?

Pourquoi ces hommes, tels des chiens enragés, torturent-ils d’autres hommes ou lapident des femmes ?

Et la solitude, hein, la solitude ! Qu’en faites-vous de la solitude ? Sans une visite du fils bien-aimé, sans une lettre à la poste, sans même un téléphone depuis un mois. Et cette vieille femme qui se désespère et se meurt d’ennui ?

Pourquoi faut-il vivre des vies de misère pour ensuite mourir ?

Pourquoi, allez-vous enfin me dire pourquoi ?

......

Eh bien, peut-être parce que…

Il y a cette mère qui serre sur son sein l’enfant qui vient de naître ?

Et cette vielle dame qui voit naître en elle un amour comme elle n’en avait jamais espéré ?

Ou les notes enflammées de la symphonie qui jaillit dans la tête de ce compositeur de génie ?

Ou le flamboiement de l’étoile qui surgit, éblouissante et inattendue, d’un nuage de gaz et de poussière ?

Ou ce vieux cultivateur qui, le soir venu, regarde la nouvelle moisson jaillir de sa terre?

Ou ce jeune père qui voit sa petite courir se jeter dans ses bras en poussant des cris de joie ?

Ou ce coureur qui lève un bras victorieux en franchissant la ligne d’arrivée du cent mètres ?

Ou cet astronome qui, malgré sa science, s’émerveille encore devant une nuit étoilée ?

Ou cette jeune fille éperdue d’amour qui danse sous la pluie ?

Ou cet anthropologue qui jubile comme un enfant devant les os d’un dinosaure qu’il vient de déterrer ?

Ou cette énorme baleine qui s’élance au-dessus des flots dans une explosion de joie ?

Ou cet homme qui, dans le silence du crépuscule, sent une immense paix descendre en lui ?

Ou cet enfant qui sanglote dans les bras de sa mère qu’il croyait à jamais disparue ?

......

Sont-ce là, croyez-vous, des réponses à vos questions ?

Ou peut-être en fin de compte, faut-il simplement accepter sa vie comme un immense cadeau même s’il s’y dissimule parfois des vipères et même si elle n’est qu’un bref scintillement qui prendra bientôt fin en emportant avec elle ses mystères insondables ?