Dans la nuit du 4 au 5 décembre dernier, Dieu est venu me rendre visite. Dieu le Père, j’entends. Ce n’est pas nouveau, Il fait ça chaque année. Pas vous?
Je ne peux pas dire que je Le vois vraiment, non, je dirais plutôt que je Le sens. Un peu comme Moïse et le buisson ardent. Il a d’ailleurs voulu une fois me faire ce coup du buisson ardent mais Il y a renoncé lorsqu’Il a compris ma réticence. Je ne voulais quand même pas qu’Il boute le feu à la maison.
Comme je vous disais, Il ne m’apparaît pas en chair et en os. D’ailleurs, nous le savons tous, Il n’a ni chair ni os, ce qui, entre nous, est bien pratique car Il n’a jamais de problème d’ostéoporose.
Ce n’est donc, que Sa présence que je ressens. Je dirais même où : dans le rocking chair de ma femme, là tout près de moi étendu dans mon lazy boy où je passe mes nuits. Il est là qui me regarde, paisible comme seul Dieu peut l’être. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’Il fume une pipe et sirote un brandy. Non, Il se contente de me parler. Pas besoin d’appareil auditif pour Le comprendre : Il parle, comment dirais-je, en-dedans de moi.
Il vient, me dit-il, m’apporter mon cadeau de Noël. J’apprécie Son geste, surtout depuis que je ne crois plus au Père Noël. Mais je reste sur mes gardes car ce sont parfois de dangereux cadeaux, comme la fois où Il m’a proposé de me révéler le jour et l’heure de ma mort ou de m’offrir un coup d’œil sur l’Apocalypse ou un retour en arrière de quelques soixante millions d'années pour une excursion sur un sentier de tyrannosaures ou, encore pire, un retour de George W. Bush à la présidence des États-Unis.
Je Lui ai demandé pourquoi Il venait si tôt cette année. Il m’a répondu qu’Il était très occupé à accueillir toutes les victimes de la grippe A (H1N1) et qu’Il profitait d’un petit répit avant un deuxième assaut de cette grippe, pour visiter quelques mortels.
«Alors, voilà, a-t-Il ajouté, le cadeau que je te propose cette année : choisis une personne, de par le vaste monde, une personne vraiment en danger de mort, et je te la sauve d’un claquement des doigts.
- Avez-vous vraiment le pouvoir de faire une telle chose ? Lui ai-je répliqué étourdiment.
Il m’a jeté un coup d’œil condescendant avant de me lancer «Tu n’es jamais vraiment allé à Lourdes, n’est-ce pas, ni même à l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal ?
- Non, mais ce n’est pas Vous qui avez fait ces miracles, c’est la Vierge Marie et le Frère André.
- Mais d’où penses-tu donc qu’ils tiennent leurs pouvoirs ces deux là ? Et, toi-même, qui donc penses-tu t’a mis sur la terre ?
J’ai failli Lui répondre qu’Il devrait en toucher un mot à ma mère qui est sûrement assise là-haut, pas loin à sa droite, mais je n’ai pas répliqué car j’ai senti la colère poindre dans Sa voix.
Après un long moment de silence, Il m’a demandé sévèrement :
«Alors, tu le veux ou non ce cadeau que je t’ai apporté ?
-Oui, Seigneur, oh oui, je le veux.
-Ne m’appelle pas «Seigneur», c’est mon Fils qu’on appelle comme ça. Appelle-moi «Dieu Tout-Puissant», je m’en contenterai.
- Pardonnez-moi. Oui, Dieu Tout-Puissant, oui je le veux ce cadeau.
- Alors, nomme-moi la personne que je sauverai. Tu as une minute, je suis pressé par tous ceux qui m’attendent.
Spontanément, m’est venue en tête le nom d’un merveilleux ami à nous qui se meurt mais, avant même que j’aie pu prononcer son nom, Il m’a arrêté d’un geste de la main signifiant que je devrais bien réfléchir.
Et alors, Il a fait défiler devant mes yeux des images d’enfants du Soudan en train de mourir de faim, puis des prisonniers afghans que des talibans torturent jusqu’à leur dernier souffle, puis cette Pakistanaise qu’on est en train de lapider, puis ce petit bonhomme des favélas du Brésil poursuivi par une brigade de la mort, puis cette femme désespérée qui s’apprête à tuer ses enfants avant de se suicider, puis…
Quand j’ai ouvert mes yeux hésitants, il était trop tard. Il était parti.
Ça fait rien, je l’aurai quand même mon cadeau de Noël : ma femme m’a promis des pantoufles.
Mais une chose est sure : si le Bon Dieu décide de prendre sa retraite, je ne postulerai pas l’emploi. Les décisions sont trop dures à prendre.
Il m’a jeté un coup d’œil condescendant avant de me lancer «Tu n’es jamais vraiment allé à Lourdes, n’est-ce pas, ni même à l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal ?
- Non, mais ce n’est pas Vous qui avez fait ces miracles, c’est la Vierge Marie et le Frère André.
- Mais d’où penses-tu donc qu’ils tiennent leurs pouvoirs ces deux là ? Et, toi-même, qui donc penses-tu t’a mis sur la terre ?
J’ai failli Lui répondre qu’Il devrait en toucher un mot à ma mère qui est sûrement assise là-haut, pas loin à sa droite, mais je n’ai pas répliqué car j’ai senti la colère poindre dans Sa voix.
Après un long moment de silence, Il m’a demandé sévèrement :
«Alors, tu le veux ou non ce cadeau que je t’ai apporté ?
-Oui, Seigneur, oh oui, je le veux.
-Ne m’appelle pas «Seigneur», c’est mon Fils qu’on appelle comme ça. Appelle-moi «Dieu Tout-Puissant», je m’en contenterai.
- Pardonnez-moi. Oui, Dieu Tout-Puissant, oui je le veux ce cadeau.
- Alors, nomme-moi la personne que je sauverai. Tu as une minute, je suis pressé par tous ceux qui m’attendent.
Spontanément, m’est venue en tête le nom d’un merveilleux ami à nous qui se meurt mais, avant même que j’aie pu prononcer son nom, Il m’a arrêté d’un geste de la main signifiant que je devrais bien réfléchir.
Et alors, Il a fait défiler devant mes yeux des images d’enfants du Soudan en train de mourir de faim, puis des prisonniers afghans que des talibans torturent jusqu’à leur dernier souffle, puis cette Pakistanaise qu’on est en train de lapider, puis ce petit bonhomme des favélas du Brésil poursuivi par une brigade de la mort, puis cette femme désespérée qui s’apprête à tuer ses enfants avant de se suicider, puis…
Quand j’ai ouvert mes yeux hésitants, il était trop tard. Il était parti.
Ça fait rien, je l’aurai quand même mon cadeau de Noël : ma femme m’a promis des pantoufles.
Mais une chose est sure : si le Bon Dieu décide de prendre sa retraite, je ne postulerai pas l’emploi. Les décisions sont trop dures à prendre.