samedi 4 avril 2009

L'assistance au suicide

L'assistance au suicide
lundi 15 décemre 2008

Dans son édition du samedi 13 décembre 2008, à l’occasion du procès très médiatisé de Stéphan Dufour, Le Soleil passe en revue certains cas célèbres d'assistance au suicide. Le sujet, qui revient périodiquement à la page, en est un qui me tient beaucoup à coeur. Voici donc mes vue sur la question.

Je pose comme prémisse que c’est à chacun qu’il appartient de décider ce qu’il veut faire de sa vie. Le suicide n’est pas, comme on le dit parfois, un débat de société. C’est une décision personnelle. C’est à moi et à moi seul d’en décider.

Il n’y a pas si longtemps, la tentative de suicide était un crime passible d’emprisonnement (le suicide réussi n’a jamais été un crime et pour cause). Depuis qu’on a décriminalisé la tentative de suicide, la société me dit que je peux me suicider et que c’est mon affaire. Bien. Mais si je suis dans un état de souffrance insupportable et impossible à soulager, que je veux y mettre fin par le suicide et que je ne peux pas le faire seul, niet, pas question de m’assister. Arrange-toi avec ton problème. La personne compatissante qui acceptera de le faire devient passible d’emprisonnement.

Cette défense de tendre la main au suicidaire me révolte depuis qu’un beau-frère s’est tiré un coup de chevrotine dans la bouche, que le cinéaste Claude Jutras s’est jeté dans le fleuve, que le fils d’une chère amie s’est précipité du haut du pont de Québec et que Doris Lussier est mort dans d’atroces souffrances. Pourquoi, bondieu, n’a-t-on pas pu offrir à ces gens de les aider à en finir si tel était vraiment leur désir? N’aurait-ce pas été là un geste de compassion élémentaire?

Entendons-nous bien, je ne veux pas dire que l’on doit offrir la mort à la carte, qu’on ne doit pas d’abord tenter de trouver d’autres voies que la «solution finale» mais, une fois ces pistes épuisées et face à la détermination du suicidaire, pourquoi, avec toutes les précautions voulues, ne pas faciliter le difficile passage vers la mort? La chose se fait ailleurs, en Belgique, en Suisse, dans les Pays-Bas et même dans certains étatats des USA, par exemple.

Sous couvert d’une morale dépassée, on ergote sur les dangers de dérapage, sur les risques hypothétiques qu’on en vienne à donner la mort sans le consentement de la personne et on occulte la détresse et la désespérance, bien réelles celles-là, de la personne qui n’en peut plus de vivre dans la souffrance physique ou psychologique.

Quel est donc ce raisonnement détraqué qui permet de mettre un terme à la vie naissante chez un fœtus sans, évidemment, son consentement (ce qui ne veut pas dire que je suis contre le libre choix, bien au contraire) et qui refuse d’assister la personne qui, elle, consentirait librement et lucidement à mourir?

Nos politiciens fédéraux vont-ils finir par décider de porter secours à leurs compatriotes qui hurlent leur souffrance et abolir une bonne fois pour toutes l’odieux article 241 du code criminel comme les incitait encore récemment Madame Francine Lalonde du Bloc Québécois?

Peut-être, pour s’en convaincre, devraient-ils visionner le magnifique film «La mer intérieure» d’Alejandro Amenábar ou les poignants témoignages de la vidéo «Mourir pour soi» de Lina B. Moreco?

Si on considère l’adoucissement des peines infligées depuis quelque temps par les tribunaux aux personnes coupables d’assistance au suicide, telles que rapportées dans Le Soleil, il semble bien que l’opinion publique est mûre pour l’abrogation de cet article 241.

Publié par Jean Marcoux à l'adresse 13:21

Aucun commentaire: