mardi 15 septembre 2009

Moi, un vieillard...jamais!

mercredi 9 septembre 2009

Je suis un vieillard. Du moins, c'est ce que disent certaines personnes malveillantes. Moi, je ne le crois pas car, dans mon calendrier, ce n'est pas avant quatre-vingt-dix-neuf ans qu'on est un vieillard. Et encore. Je dirais que ça dépend de l'environnement.Mais, depuis qu'un soir de rhumatisme et d'égarement, j'ai fait cet aveu irréfléchi, j'ai une jeune vieille amie qui ne cesse de me le remettre sur le nez. On dirait bien qu'elle s'en réjouit.Ce n'est pas parce qu'on a une épaule en compote, des pieds qui enflent, une hanche qui tiraille, une peau qui fendille, des pustules qui nous poussent sur le corps, une mémoire qui s'en va à la dérive et un squelette qui craque de partout, qu'on est un vieillard. Ce ne sont là que des broutilles et je peux vous assurer que, dans l’ensemble, je suis en bonne santé. Je crois même que je mourrai en bonne santé même si je sais bien que je ne survivrai pas à ma mort. La mort, paraît-il, c’est fatal. Bon, tant pis. En attendant, je vieillis. Ça aussi c’est fatal car, comme le dit l’adage : il n’y a qu’une façon de ne pas mourir jeune et c’est de vieillir.Pour l’instant, je ne me sens tellement pas vieux que je fais encore régulièrement du ski en me lançant sur des pentes vertigineuses, que je fais du tennis et écrase mes adversaires de smashes foudroyants et que je tire régulièrement ma balle de golf à deux cent soixante verges. Et, le meilleur, c'est qu'après ces exploits sportifs nocturnes, je m'éveille le matin pas fatigué du tout.Il faut dire que ma jeunesse qui se prolonge tient beaucoup à ce que j'ai épousé une jeune femme. Dans la vingtaine, je vous jure. Lorsque je l'ai épousée en 1957. Vous auriez dû voir cette resplendissante mariée, ce matin du 14 septembre. Tiens, si vous passez à la maison, je vous montrerai cette photo d'elle en train de signer le registre des mariages. Une beauté de femme. Un peu inconsciente, je vous le concède, car elle ne savait pas que, cinquante ans plus tard, elle aurait un vieux sur les bras. Mais elle aussi a vieilli, me direz-vous. Détrompez-vous, pas du tout. Toujours la même vivacité de corps et d'esprit, le même grand sourire, les mêmes vives réparties qui m'ont conquis dans le temps.Il faut ajouter que, pour rester jeunes tous deux, nous nous sommes fait une belle amie. Une jeune femme dans la quatrevingtaine. La fleur de l'âge. Folle juste ce qu'il faut. À cet âge là, c'est normal. Tiens, pas plus tard qu'hier, elle disait se mettre en route pour nulle part et que son génie baissait avec le soleil. Nous ne nous en faisons pas avec ça. C'est la crise de l'adolescence avec quelques décennies de retard. Elle disait même qu'elle était la nounoune du diable. Ça, j'ai pas de peine à le croire.Alors, entouré comme je suis, je ne suis pas près d'être un vieillard. J'ai encore une bonne soixantaine d'années devant moi. Mourir dans les cent trente ans, ça m'irait. Faut pas trop en demander à la vie et savoir se retirer en pleine gloire. Même si je sais que ces deux-là me regretteront bien un peu.Je ne serais pas surpris qu'elles viennent me racoler au paradis. Bon, je m'en accommoderai. Pourvu qu'elles ne me fassent pas honte devant l'Éternel.

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