mercredi 31 mars 2010

Capsule astronomique No 8

Brève histoire de l’homme et de son univers

Il est bien loin le temps du poète Homère alors que la terre se limitait à une partie de la Méditerranée entourant la Grèce. En ce temps-là, la terre était immobile au centre de l’univers et tous les astres faisaient cercle autour d’elle.
Au surplus, Aristote, 3 siècles A.C., avait décrété une fois pour toutes que les étoiles, tout en tournant elles aussi autour de la terre, étaient irrémédiablement figées dans leur position.

Tout alla bien ainsi pendant 2000 ans. Pas besoin de se casser la tête : les dieux de la mythologie réglaient tout, remplacés, au tournant du 1er siècle P.C. par un Dieu unique qui confirmait le géocentrisme car l’homme, l’enfant chéri de ce Dieu unique, avait été installé, perché sur son astre, au centre de l’univers.

Copernic, au XVIe siècle, jette la première pierre dans cet étang de certitude en plaçant le soleil au centre de l’univers, bientôt suivi par Galilée et bien d’autres.
Peu importe, se disait-on, le système solaire demeure au centre de l’univers. Mais, au XVIIIe siècle, nouvelle pierre dans l’étang : William Herschel découvre la Voie lactée (VL) et ses milliards de soleils. Peu importe, se dit-on encore une fois : on s’empresse de situer le soleil et son cortège de planètes au centre de la VL.

En 1918, nouvelle dégringolade : Harlow Shapley détrône le système solaire du centre de la VL pour le reloger en banlieue. Mais, au moins, la VL, qui abrite le système solaire, est plus que le centre de l’univers : elle constitue tout l’univers. Elle est une grosse goutte d’étoiles dans un vide infini.

Puis, en 1923, coup fatal à la VL : Edwin Hubble découvre d’autres galaxies en dehors de la VL. Pire, ces galaxies, les poches pleines de milliards d’étoiles, se fuient les unes les autres à grande vitesse. Aristote, qui avait figé les étoiles, se retourne dans sa tombe. Graduellement, on découvre des milliards de galaxies et leur fuite éperdue révèle un univers de démesure.

La terre, déchue à tout jamais du centre de l’univers, devient une insignifiante petite planète tournant autour d’une étoile bien ordinaire vivotant en banlieue de sa galaxie, elle-même perdue dans l’immensité de l’univers.

L’homme, qui s’était orgueilleusement planté au centre de l’univers, est piteusement détrôné.

Mais le pauvre humain n’était pas au bout de ses surprises car on lui apprendra bientôt :
- que son univers est né d’une toute petite particule qui a explosé il y a 13 milliards d’années pour ensemencer l’univers d’étoiles et de planètes enfermées dans des galaxies lancées dans leur course folle vers l’infini;
-que son arbre généalogique remonte jusqu’aux étoiles qui ont fabriqué ses atomes;
-que son gîte, la terre, a été formée il y a quelque quatre milliards d’années;
-que la vie y est apparue il y a quelque 3,5 milliards d’années, sans que nous n’ayons la moindre idée du pourquoi de cette survenance;
-que l’homme moderne n’a surgi que depuis environ 200 000 ans, sans que nous n’ayons non plus aucune explication pour l’apparition de la conscience;
- qu’il est donc un nouveau venu dans l’univers et qu’il peut disparaître tout autant que les autres espèces;
-que l’univers qu’il se croyait en mesure de décoder se révèle de plus en plus cachotier et mystérieux car nous ne connassons la nature que de 4% de la matière et de l’énergie qu’il contient, 96% demeurant résolument impénétrable;
-que de ce 4% dont nous connaissons la nature, 3,5% demeure invisible.

Au bout du compte, loin de se décourager devant tous ces mystères, on peut s’ébahir de voir comment l’homme, qui n’a accès qu’à une toute petite fenêtre sur son univers, réussit quand même l’exploit de lever de plus en plus de coins du voile sur ces mystères, particulièrement depuis le XXe siècle.

Il y a sûrement un côté angoissant dans cette découverte d’un univers de démesure qui échappe à notre entendement mais, il y a un côté emballant à nous voir peu à peu sortir de l’obscurité moyenâgeuse dans laquelle nous avons été depuis si longtemps enfermés.

Les nombreuses et excellentes vulgarisations scientifiques que nous offrent aujourd’hui des astrophysiciens comme Hubert Reeves et Trinh Xuan Thuan, pour ne mentionner que ceux-là, nous font redécouvrir toute la joie de connaître qui illuminait notre jeunesse.

Et les images de cet univers auxquelles nous donne accès le télescope Hubble, particulièrement les images des nébuleuses, nous permettent d’entrevoir toutes les beautés et merveilles que recèle notre mystérieux univers.

1 commentaire:

vieilhibou@hotmail.com a dit…

Merci de ce texte -court et clair- qui resitue l'humain dans un contexte plus réaliste !

Tant pis pour les illusoires illusions !

Tout de même merveilleux qu'une si microscopique créature soit si perspicace ... malgré le temps requis pour entr'ouvrir les yeux de sa connaissance.

Merci