lundi 5 juillet 2010

C'était un 17 juillet

Ce moment magique, j’ai essayé de le faire revenir devant mes yeux à plusieurs reprises, mais il m’échappe toujours. Il ne m'en reste que des bribes, comme l'étrange rêve qu'on essaie de revivre au réveil.

C'était un 17 juillet, vers 20h30.

Nous revenions doucement de l'île d'Orléans et avions pris le Chemin des Prêtres, un chemin de traverse qui va de Saint-Laurent à St-Pierre. Une route qui ressemble à la Route du Mitan un peu plus à l'est, mais plus courte et un peu moins spectaculaire.

Et c'est là, en descendant vers St-Pierre, que nous avons vu ce spectacle. Nous nous sommes arrêtés pour mieux voir ce qui se passait, comme beaucoup d'autres gens du reste. Le ciel était couvert. Nous n'avons vu le soleil que pendant un bref moment, du côté de la Côte de Beaupré: un disque rond, parfaitement découpé au-dessus des montagnes, mais sans éclat, aux rayons étouffés dans les nuages. Mais, même une fois disparu, le soleil continua à illuminer une large bande d'horizon d'une lumière diffuse orangée. C'est surtout cette lumière qui était extraordinaire. Un vrai paysage d'Apocalypse que certains même trouvaient terrifiant. Au-dessus de cette bande, des nuages opaques avec une frange violette. Des éclairs lointains ajoutaient à cette scène de jugement dernier. Un paysage sinistre mais de toute beauté. On se prenait à espérer de voir apparaître le Dieu éternel et justicier.

De l'autre côté de la route, des jeunes filles jouaient au foot sur un terrain de jeu. Sans trop savoir pourquoi, cette ambiance m'a plongé dans un vague passé qui m'échappait, des sentiments plus que des souvenirs, des réminiscences floues dont il ne me restait que les effluves. J'aurais voulu figer ce moment. Je m'y sentais bien. Comme si le temps n'existait plus. Comme si j'étais transporté dans un autre monde. Comme si je revenais aux jours de mon enfance alors que la vie était éternelle. Comme si le paradis était à portée de main. Comme si ... je ne sais pas.

Nous sommes revenus sous la pluie battante mais l’âme étrangement en paix. J'avais l'impression d'avoir vécu un épisode d'Alice au pays des merveilles.

1 commentaire:

ARMELLE a dit…

Ou bien une page de " la Genèse " le beau poème de la Création. C'est peut-être cela la magie de l'enfance. L'enfant n'est ni dans l'Exode, ni dans le Lévitique, ni dans les Nombres, ni dans le Deutéronome, ni dans l'Ecclésiaste et moins encore dans la Sagesse ; il est à l'aube du monde, à ce premier matin où la lumière donne forme et image ; il est là où tout est encore possible, à défaut d'être vrai.
C'est ce que vous évoquait ce beau et étrange paysage que composaient les jeux de lumière. Et vous étiez toujours et encore l'enfant qui subsiste dans cette page enfouie de nos origines.